lundi 15 avril 2024

La Vie

 Voilà
 un jour singulier  
aujourd'hui
tant espéré
durant ces six derniers mois
un jour de délivrance
je suis si heureux 
si désemparé
aussi
je ne parviens pas à y croire 
(je ne suis pas doué pour le bonheur)
 c'est tellement miraculeux
oui
miraculeux
elle revient de si loin
ma fille

dimanche 14 avril 2024

Une grande actrice

 

Voilà,
Place St Sulpice, au pied de l'immeuble où vit Catherine Deneuve, se trouve ce pochoir signé Oja donnant l'illusion d'un assemblage d'azulejos. Une vraie fausse mosaïque en quelque sorte. Je trouve cela assez kitsch. Cela s'appelle "mes 80 saisons préférées" en référence au film d'André Téchiné  "Ma saison préférée"  dans lequel l'actrice désormais âgée de 80 ans, a autrefois joué.

vendredi 12 avril 2024

L'Histoire de nos ratages

 

Voilà,
ces derniers temps j’écoute en boucle le premier album de Steely Dan, que je ne connaissais pas et que j'ai découvert que très récemment. Serais-je devenu un homme d’une sensibilité différente si je l’avais découvert à seize ans lors de sa sortie ? Et en vertu de l’effet papillon quelle aurait été ma vie dès lors ? Qui sait si cet infime paramètre ne se serait pas révélé déterminant ?  En fait, le ce-qui-manque, abonde autant sinon plus dans nos vies, que ce dont elles semblent remplies. L' histoire de nos pertes, de nos oublis de nos ratages, de toutes les occasions perdues nous constitue au même titre que l’entrelacement d'actes d'événements et de circonstances qui, croyons-nous, forment la trame de nos existences. Comme l'écrivit Marguerit Yourcenar "c'est ce que je n'ai pas été, peut-être, qui définit ma vie avec le plus de justesse"
Et puis le monde lui-même, n'est-il pas aussi fait de toutes les béances qui trouent le champ du Réel ? Comme ces fromages qui se caractérisent autant par la densité de leur pâte que par le vide de leurs trous ? Il n'est qu'à songer à tout cet "idéal" qui brille dans le monde surtout par son absence : à commencer par cette trinité républicaine affichée au fronton de nos mairies que les faits pourtant ne cessent de démentir.
La part d’invisible d’inaccompli, de questions irrésolues, abandonnées, de projets inaboutis, les rêves oubliés au matin, toute cette masse manquante forme une trame qu'on ne peut certes observer, mais qui n'en demeure pas moins intensément présente, et revêt dans nos vies une importance que nous ne soupçonnons peut-être pas à sa juste mesure. Que serait il advenu si j'avais osé franchir la porte du cinéma Monge lorsqu'une certaine compagnie y jouait "Trotsky à Cayoacan" ?  Ou s'il n'y avait pas eu cette stupide distraction près de l'église Notre-Dame-des-champs ? Où si j'avais été moins timide en certaines circonstances ? Où si j'avais eu des jugements moins péremptoires sur le théâtre à différentes époques de ma vie ? Si je m'étais attablé en certaine compagnie plutôt que de passer mon chemin. Mon existence eût été bien différente et aurait peut-être formé une autre version de moi, plus attrayante, ne serait-ce qu'à mes propres yeux, et peut-être aussi pour les autres. 

jeudi 11 avril 2024

Près du bosquet


Voilà,
près du bosquet, là-bas, peut-être dénicherait-il un coin pour s'asseoir boire s'assoupir un temps, oublier. Mais impossible de trouver le repos. Toujours ses pensées le ramenaient à la sourde angoisse de son temps. Même dans ce coin retiré, il ne pouvait s'empêcher de s'abreuver aux nouvelles du monde. Sur son ordiphone il consultait ses notes, les publications des uns et des autres sur les réseaux sociaux, les dernières nouvelles, les bulletins de guerre où il était question de nouveaux bombardements, de civils massacrés. C'était épuisant, cette accumulation. Sans espoir. Il repensa à cette phrase d'Alphonse Allais qu'il avait lue par hasard, quelques temps auparavant : "Ne nous prenons pas au sérieux il n'y aura aucun survivant".  

mardi 9 avril 2024

Sam

Voilà,
pour la première fois de ma vie, il y a quelques jours, j'ai entendu, non sans étonnement d'ailleurs, quelqu'un me dire qu'un certain livre de Beckett — que pour ma part je trouve plutôt drôle — lui avait paru "vraiment répugnant".
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lundi 8 avril 2024

L'Huître et le Néant


 
Voilà,
j'ignore qui repose sous cette tombe ni si les coquilles d'huîtres sont destinées à demeurer dessus. 
Je me suis beaucoup questionné sur cette"installation". 
Est-ce la sépulture celle d'un écailleur d'une des grandes brasseries du quartier ?
Celle de quelqu'un qui avait souhaité que ses amis dégustent des huîtres au jour de son inhumation.
J'ai retrouvé des épitaphes de gens plus ou moins célèbres notées sur mon smartphone
Ici repose celui dont le nom était écrit dans l'eau (John Keats)
je meurs vraiment au dessus de mes moyens (Oscar Wilde)
Je perds mes dents je meurs en détail (Voltaire)
Huit jours avec la fièvre j'aurais eu encore le temps d'écrire un livre (Balzac)
maintenant je sais quelque chose que tu ne sais pas
ici repose un athée tout habillé qui ne sait où aller
Ils étaient bons ces champignons
Je vous l'avais dit que j'étais malade
Mon dernier rôle est un rôle de décomposition 
Enfin seul (Arman)  
J'ai fait ce que j'ai pu, que ceux qui le peuvent fassent mieux ( Stanislaw Lem)

samedi 6 avril 2024

Abeilles et bourdons




Voilà,
"si les abeilles disparaissaient de la surface du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre". Cette citation, faussement attribuée à Albert Einstein, contient au moins une part de vérité. Le rôle des insectes pollinisateurs est vital pour les humains. Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique du CNRS écologie et environnement et co-auteur d’un rapport de l’Académie des sciences sur le déclin des insectes, nous éclaire : « Lorsque les abeilles vont visiter des fleurs, elles transportent le pollen et fécondent une fleur avec le pollen d’une autre. Ce service de pollinisation est indispensable à l’humanité ! Les 3/4 des plantes cultivées dépendent de pollinisateurs, essentiellement des insectes, pour leur reproduction. C’est le cas de la tomate dont la fleur a besoin d’être secouée par le bourdon terrestre pour que la pollinisation soit bien assurée. Même quand les plantes sont auto-fertiles, comme certains colza, la pollinisation croisée entre fleurs permet d’obtenir jusqu’à 30% de rendement en plus. Ce service gratuit est rendu par les abeilles domestiques, mais aussi et surtout par les abeilles sauvages et d’autres insectes.
Sur les 5 500 insectes pollinisateurs recensés en France métropolitaine, environ 1 000 sont des abeilles sauvages. Ces abeilles solitaires dépendent d’habitats particuliers, mis à mal par nos activités. Partout, on a simplifié le paysage à l’extrême en supprimant haies, bosquets et prairies qui sont autant d’habitats naturels. L’épandage massif de pesticides est aussi l’une des causes majeures de leur déclin. Sans compter les aléas climatiques… Le bourdon est ainsi sensible aux sécheresses qui affectent la ressource en eau et en fleurs.Penser que l’on peut se passer des pollinisateurs sauvages revient à se voiler la face. Il ne suffit pas d’emmener des ruches d’abeilles domestiques quelque part pour que ce service soit rendu. On le voit aux Etats-Unis où des milliers de ruches sont déplacées d’un état à un autre, pour polliniser des fleurs d’amandiers plantés sur des parcelles arrosées de pesticides. Le bilan environnemental est désastreux. Polliniser à la main, comme dans certaines régions de Chine, ou espérer le faire avec des drones est aussi une coûteuse absurdité ! 
En France, on utilise des bourdons élevés en ruchettes pour polliniser les tomates cultivées sous serre. C’est un système sous cloche, non durable ! On parle là de bourdons sélectionnés, élevés et vendus, alors que d’autres bourdons sauvages, à la diversité génétique plus grande, rendent ce même service gratuitement.
 
 
 
Il est urgent d’enrayer le déclin des insectes pollinisateurs avant qu’il ne soit trop tard. Dans certains endroits, nous sommes déjà arrivés à un point de bascule. Le cas de la production de colza est emblématique. Dans les grandes plaines, les populations d’abeilles s’effondrent ou deviennent moins efficaces en raison de leur exposition aux pesticides. 
Le colza étant auto-fertile, la plante peut se passer du service de pollinisation croisé rendu par les abeilles, mais cela diminue la production d’environ 30%. On essaie de compenser cela avec des intrants, mais cela représente un coût considérable et cela a des conséquences environnementales détestables. En grande culture, on raisonne trop ainsi : le sol est détruit ? Ce n’est pas grave, ajoutons de l’engrais. Le sol ne retient plus l’eau de pluie ? Ce n’est pas grave, irriguons ! Les grandes cultures sont typiques d’un système sous perfusion qui coûte cher. Il a non seulement un coût économique affiché lié aux achats d’intrants, mais aussi un coût caché lié au bilan de l’eau ou au coût sanitaire lié à l’impact des polluants chimiques sur la santé des sols, des hommes et des animaux.
Si les abeilles disparaissent, l’humanité ne disparaîtra pas, mais notre vie va être de plus en plus difficile. Il importe d’en prendre conscience, et d’agir pour inverser cette tendance, à l’échelle collective et individuelle. En privilégiant chaque fois que c’est possible, la production de produits bio, locaux et de saison, le consommateur a le pouvoir d’agir ! » 
Propos recueillis 
par Alexandrine Civard-Racinais pour le site curieux

jeudi 4 avril 2024

Calmer la fièvre

 
Voilà,
en février 1942, Stefan Zweig poste à son éditeur le manuscrit "Le monde d'hier, souvenirs d'un Européen" tapé par sa femme. Le lendemain le couple se suicide. Le livre, paraît en 1943 à New York. Commencé en 1934 après que son auteur a fui la persécution nazie, d'abord en s'exilant en Angleterre puis vers le Brésil, il décrit avec nostalgie la Vienne et l'Europe d'avant 1914 : une Europe insouciante, traditionnelle, conventionnelle, artistique, à l'apogée de sa richesse et de sa puissance dont Zweig fréquentant Freud, Verhaeren, Rilke ou Valéry, est un témoin privilégié. C'est l'évocation nostalgique d'une époque de stabilité et de liberté d'esprit, un  "âge d'or de sécurité" qui va s'effondrer avec les deux guerres mondiales et la disparition des monarchies européennes. En bref, selon l'auteur, la mort d'une civilisation qui avait pourtant une bien grande confiance en l'avenir. 
Zweig, ça l'a un peu démoralisé cette affaire. Il a donc préféré le véronal aux charmes de la nostalgie sous les tropiques.
Bien sûr, il n'avait pas prévu que la civilisation européenne se survivrait encore un peu grâce aux États-Unis ce surgeon monstrueux qui préserva l'Europe de la destruction et assura sa protection durant quatre-vingt années. Mais aujourd'hui, rongé par la gangrène de l'argent et celle de la religion, cette nation de sauveurs agonise. Ses institutions tout comme ses infrastructures prennent l'eau. Sa population majoritairement empoisonnée par la junk food les opioïdes et la libre circulation des armes à feu, abrutie par la pensée évangéliste et les blockbusters semble n'avoir d'autre alternative pour les prochaines élections que de devoir choisir entre un vieillard sénile et un psychopathe narcissique inculte et dément. Et si elle a déjà pu mesurer les ravages dont est capable ce dernier, elle semble néanmoins désirer s'en remettre une fois encore à lui. L'intelligence, l'humanisme, l'invention, l'audace qui pouvaient parfois se manifester dans ce pays semblent être devenus minoritaires. Et la puissance américaine a désormais fait long feu.
Et voilà que notre vieux continent héritier de tant d'Histoire, se retrouve sans tutelle à nouveau au bord de l'effondrement. Ici aussi les populistes débiles reprennent du poil de la bête. Sous nos latitudes, des connards de toutes générations et d'un calibre assez redoutable se disputent le pouvoir. Les peuples se replient sur eux, les égoïsmes nationaux et les revendications identitaires gagnent comme de la mauvaise herbe. Je ne sais pas si c'est dû aux perturbateurs endocriniens, à la médiocrité des programmes de télévision durant les cinquante dernières années, au naufrage du système scolaire, ou à quelque virus non identifié, mais la connerie semble avoir gagné un terrain considérable. Bref rien n'incite vraiment à espérer que le salut viendra de l'occident pour faire face aux défis qui s'imposent à l'humanité. Et les phrases de Zweig résonnent de nouveau terriblement. "Peu à peu, il devint impossible d'échanger avec quiconque une parole raisonnable. Les plus pacifiques et plus débonnaires des amis que j'avais toujours connus comme des individualistes déterminés s'étaient transformés, du jour au lendemain, en patriotes fanatiques. Toutes les conversations se terminaient par de grosses accusations. Il ne restait alors qu'une chose à faire : se replier sur soi-même et se taire aussi longtemps que durerait la fièvre."
Même si je suis accablé de devoir finir mes jours dans un tel chaos, je retourne faire du vélo du côté du bois de Boulogne. Le vélo c'est tout de même un de ces menus plaisirs d'enfance auquel on peut s'adonner en relative sécurité dans ces parages — du moins je l'espère — quand on vieillit. Je regarderai les lourds nuages au-dessus de la fondation Vuitton — ce joyau d'architecture — en songeant que malgré tout la lumière est belle.  
On nous dit que bientôt la guerre va s’étendre sur l’Europe entière, que rien n’arrêtera la folie de Poutine, que c'est une question de mois. Il faut bien constater que jamais les dirigeants de la Russie n'ont été aussi belliqueux et les déclarations de certains d'entre eux font frémir. Et ce qui advient en outre dans un sud qui n'est pas si lointain, juste de l'autre côté de la méditerranée n'incite guère à l'optimisme. Chacun là-bas a de bonne raison de haïr l'autre avec une frénésie qui confine au délire. Nationalisme, religion, volonté génocidaire réciproque tout est bon pour perpétrer de grands massacres qui à chaque fois font oublier le précédent. Là aussi, la poudrière s'enflamme, et risque de s'étendre.
Ainsi vont les choses dans le meilleurs des mondes possibles...

mercredi 3 avril 2024

Un bruissement de feuilles

 
Voilà 

juste un bruissement de feuilles. Ce n’est plus moi qui frémit et c’est très bien ainsi. Le vent murmure de vieux secrets, convoque des souvenirs à travers les ramures. Semblaient à jamais oubliés. Il m’emporte avec eux m’éparpille me dissémine comme poussière ou pollen. Les yeux pulsent sous les paupières tremblantes, des songes fragiles pareils à des amibes flottent dans une lumière orange. Douce couleur de l’abandon. De fugitives fantasmagories tissent dans la rétine des formes continûment changeantes. 

 

 


Suis au monde m’en remets à lui. Si la mort pouvait ressembler à cela, ce doux acquiescement ce flottement cette légère et paisible dérive où s’effacent chagrins et douleurs, alors oui, sans regret. L’oiseau essaime sa trille joyeuse dans l’air tiède. À peine entrevue, la voie de la pureté. Bien là. Rien de triste. Toutes choses égales.

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mardi 2 avril 2024

Un rien m'affecte

 

Voilà,
ces derniers temps un rien m'affecte. Récemment dans le bus, en écoutant "52 girls" au casque sur mon smartphone, j’ai fondu en larmes. J’étais à la place située derrière le chauffeur. Personne ne s'en est aperçu. J’ai repensé aux joies éprouvées avec les chansons de cet album à la couverture si éclatante qui repassaient sur la platine pendant que je faisais des collages et des photomontages, surtout durant l'année 1980. Oui "52 girls" avec les voix des filles aiguës derrière les guitares au son un peu rétro, ces paroles délicieusement stupides avec cette énumération de noms, la première fois où j'ai entendu ce morceau, cette légèreté cette futilité m'ont fait du bien à une époque où pourtant je n'étais pas particulièrement serein. J'étais encore jeune. Je côtoyais cependant des adultes fiables, secourables dignes de confiance. De bon conseil. Ils me manquent. Je n’y peut-être pas été assez attentif.
Contre toute probabilité j'ai vieilli. Mais aujourd’hui je n'ai pas pour autant trouvé la sagesse. Je m'étonne encore de la mesquinerie, de la lâcheté, de l'hypocrisie que certaines personnes m'ont révélé ces derniers mois. Je m'en veux surtout de ne pas l'avoir décelée, ou quand je la décelai de m'être efforcé de ne pas y croire.

dimanche 31 mars 2024

Dans le Marais

 

Voilà,
non loin du musée Picasso, au 78 rue vieille du temple, dans le cadre d'octobre rose, campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et a récolter des fonds pour la recherche, une fresque murale a été réalisée il y a quelques mois par Virginie Rasmont une artiste plasticienne basée à Paris
 

Elle a ainsi souhaité, "rendre hommage à toutes les femmes qui ont été, sont ou seront touchés par cette maladie. Son œuvre est une invitation à célébrer la vie, la renaissance sans oublier l'amour" était-il écrit sur la petite pancarte située à côté de la fresque.  
Hier cependant, repassant par là,  j'ai vu qu'elle avait disparu.

*

 

J'en ai profité pour visiter quelques galeries d'art, puisque désormais, c'est dans ce quartier du Marais et non plus à Saint Germain des prés que sont concentrés les marchands les plus célèbres. Rue du Perche, sur un mur, j'ai remarqué ce mural d'un certain Jonathan Huxley "un artiste britannique dont les œuvres représentent des illusions de figures humaines en mouvement." dit sa fiche wikipedia.

 

Enfin, à cette collection du jour, je rajouterai, cette installation murale de 2021 intitulée "En même temps 2" de la célèbre artiste Annette Messager dont certain travaux sont exposés, sous le titre générique "Laisser aller", dans les vastes salles de la galerie Marian Goodman, située dans un hôtel particulier de la rue du Temple. 
sur la photo, on peut apercevoir des volumes découpés dans une sorte de mousse enveloppée d'un tissu noir rigide, représentant des formes très schématisées plus ou moins anthropomorphes , accrochées au mur par des fils noirs, entre lesquelles sont disposées detrès longues bandes de papiers peints à l'aquarelle.
 
*
 
Sinon, c'est de nouveau l'heure d'été. Il fait un beau soleil pour ce jour de Pâques, et la lumière inonde le salon. Autant de menues choses dont il est bon de se réjouir en ces temps tourmentés. 
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vendredi 29 mars 2024

Sans-abri sur les Champs-Élysées


 Voilà
 
Je joue parfois à m'atteindre.
Je fais avec celui que je fus
et avec celui que je serai
la course de celui que je suis.
 
Parfois je joue à me dépasser.
je fais alors peut-être
la course de celui que je ne suis pas.
 
Mais il est une autre course
où je jouerai à me faire dépasser.
Celle-là sera la véritable course.
(Roberto Juarroz) 

lundi 25 mars 2024

Tracasseries

 
Voilà,
"ces derniers temps je subis les tracasseries de l'idiot du village. Idiot, il l'a toujours été, seulement autrefois cela ne me concernait pas plus qu'un autre. Voilà encore quelque chose qui se traîne à la porte de mon jardin. Je regarde par la fenêtre. Naturellement, encore lui" (Franz Kafka)

vendredi 22 mars 2024

Promener son chien au jardin des tuileries


Voilà, 
l'austère géométrie de ces lieux, l'hiver, quand les arbres dénudés offrent le tracé rectiligne de leur cimes, m'a toujours fasciné en même temps qu'inquiété. Chaque fois que je vois cela j'éprouve une sorte de malaise diffus. Il y a quelque chose de vaguement militaire dans cette obsession de l'uniformité, dans cette volonté de discipliner même une rangée d'arbres. Avec ce cadre, pour qui ne connaît pas la ville, on oublie, en cet endroit qui s'appelait autrefois "la terrasse des bords de l'eau" le vacarme de la circulation sur la voie rapide longeant le quai des Tuileries, au point que l'on pourrait même s'imaginer loin de Paris. 
 
 

Le type avec son chien de race, m'a paru intéressant à photographier et tout à fait accordé au décor aristocratique des lieux.  Ce jardin — le plus important et le plus ancien jardin à la française de la capitale —  était autrefois celui du palais des Tuileries, ancienne résidence royale et impériale, aujourd'hui disparu. Réaménagé par Le Notre en 1664, à la place d'un jardin à l'italienne commandé par Catherine de Médicis un siècle plus tôt, son accès devait initialement être exclusivement réservé à la famille royale. Mais c'est Charles Perrault, le célèbre auteur de  contes, qui convainc Colbert, contrôleur général des finances du roi Louis XIV, qui craignait que le lieu ne fût abîmé par le public, de l'ouvrir aux parisiens. 

jeudi 21 mars 2024

Une belle promenade


Voilà,
il y a des gens qui tentent parfois des choses fort audacieuses, voire téméraires et stupides peut-être dans le but de publier une "story" singulière sur leur compte instagram. Certes ma photo eût été plus originale si elle avait saisi l'homme en déséquilibre avant qu'il ne bascule malencontreusement dans la Seine, mais après tout, celle-ci fera bien l'affaire. Je l'ai prise au cours d'une longue promenade en compagnie de ma fille, qui nous a menés de chez nous, jusqu'au quais de la rive droite, en passant par le jardin du Luxembourg, le boulevard Saint-Michel, les bords de Seine au niveau du quai du Louvre. C'était une belle journée avec un avant-goût de printemps.
 

Ces menus bonheurs illuminent mes jours. Bien sûr il y a a toujours ce voile de mélancolie qui ne me lâche pas, tant que nous ne serons pas plus fixés sur l'évolution de sa santé. Si je suis soulagé de la voir en meilleure forme je n'en suis pas pour autant rassuré. Mais j'aime être avec elle. J'ai tant à lui raconter et j'aime la faire rire. Et en même temps il y a bien des choses que j'aimerais savoir et que je n'ose lui demander. Comment elle traverse cette épreuve. Ce qui lui est passé par la tête au cours de ses derniers mois. 
Quoi qu'il en soit pour sa part elle semble considérer que la guérison est imminente. D'ailleurs, pour les trois mois qui viennent, elle a de nombreux projets de voyages en Europe et de séjours avec des amis. J'espère que rien ne démentira son optimisme.


Au retour nous sommes passés par la rue Jacob et nous avons fait un petit portrait de nous deux dans le reflet d'un miroir sphérique, comme dans une peinture flamande. Nous avions déjà fait quelque chose comme ça, il y a longtemps, à Venise

dimanche 17 mars 2024

Réparation

 

Voilà,
sans raison particulière il était revenu dans ce quartier de Morlante où il ne s'aventurait que très rarement. Non qu'il y eût quelque danger à traîner dans les parages. C'était simplement trop loin de l'endroit où il demeurait. Loin d'ailleurs de tous les endroits où il avait vécu. Pendant quelques mois,— c'était désormais comme dans une autre vie car tant d'années s'étaient écoulées depuis — , il lui était arrivé de venir dans le coin. Pour une femme. Dont il ne conservait à présent qu'un vague souvenir. Son visage, ne s'imprimait plus vraiment dans sa mémoire. Quelques particularités physiques et une certaine dextérité dans les choses du sexe, c'est tout ce  dont il était capable de se se rappeler. Sa profession aussi. Son appartement. Elle était récemment divorcée, deux enfants en garde alternée et en bas âge qu'il avait assez peu vus. Peut-être même était-elle de droite. Ils n'avaient guère eu de complicité intellectuelle. C'était simplement une de ces liaisons passagères ou chacun des partenaires cherche à se réparer au contact d'une présence qui après tout peut bien faire l'affaire. Cela avait fini sans qu'aucun des deux n'éprouve le besoin de rappeler l'autre ou de le revoir par la suite. 
Parfois les choses sont simples.
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jeudi 14 mars 2024

Perspective insolite

Voilà,
ces perspectives insolites parce qu'elles adviennent dans des lieux où l'on n'a pas coutume de se rendre. Ici, sur la passerelle qui mène à l'île (autrefois peinte par Georges Seurat) de la Grande Jatte qui est un peu le neuilly de Neuilly, c'est à dire un endroit très chic. Un bras de Seine et en arrière-plan les immeubles du quartier d'affaires de La Défense. J'y suis venu au début du mois en promenade avec ma fille. Sur le chemin du retour nous sommes passés par Levallois-Perret.
Sinon aujourd’hui j’ai enfin vu, sur le grand écran de la cinémathèque, « Days of Heaven » de Terrence Malick.

lundi 11 mars 2024

Là dans le monde

 

Voilà,
c'est là dans le monde ça pourrait aussi bien ne pas être c'est insignifiant juste un détail mais ça s'introduit impératif et indiscutable dans le regard ça exige son cadre, sa représentation, sans raison ni explication. L'œil saisit, et dans un même temps le cerveau décrète que c'est bon ça mérite d’être révélé et transmis.
C'est aujourd'hui devenu une banalité de rappeler que, quels que soient la nature et le support d'une représentation, le point de vue du regardeur joue un rôle crucial dans sa signification et son impact. La même image, par exemple, peut être interprétée d'innombrables façons en fonction des expériences, des croyances et des émotions de quiconque la regarde L'intention de l'auteur n'est qu'une pièce du puzzle - l'interprétation du spectateur complète en quelque sorte "l'œuvre". Cette relation dynamique établit une conversation entre le sujet, l'auteur et le spectateur, ajoutant une couche de complexité.
En outre, l'évolution de la société et de notre culture modifient notre point de vue sur le monde. Des réalisations faites il y a plusieurs dizaines d'années, peuvent prendre une nouvelle signification à mesure que notre perception de l'esthétique se transforme. Le regard n'est pas seulement une expérience momentanée, mais le reflet de l'évolution des valeurs de la société à laquelle nous appartenons.
Ainsi Au cours du XXe siècle, avec l'avènement de la société de consommation et de l'industrialisation, les artistes ont commencé à intégrer non seulement des objets du quotidien, mais aussi des déchets, dans leurs œuvres. Il faut y voir la conséquence d'une évolution logique de la conception de l'art et de son rôle dans la société. Le premier sans doute à utiliser des choses, cassées, becs de gaz, fils de fers entortillés, bouts de ficelle, pages de journaux collées, morceaux de chaises d’osier, poignées de portes, fragments de tôle tordus, morceaux de bois repeints et assemblés sous forme de sculptures ou de bas-relief fut bien évidemment Picasso au début du XXe siècle. Puis avec les ready-made Marcel Duchamp, en présentant des objets manufacturés comme des œuvres d'art, a au début du vingtième siècle, remis en question les définitions traditionnelles de l'art et son rôle dans la société. 
Après la Seconde Guerre mondiale, avec l'émergence du mouvement Arte Povera en Italie, les déchets et les matériaux non conventionnels ont commencé à être utilisés de manière plus systématique. Les artistes de ce mouvement, comme Michelangelo Pistoletto et Jannis Kounellis, utilisaient des matériaux pauvres et humbles, souvent récupérés, pour créer leurs œuvres. Cette démarche était une réaction à l'industrialisation croissante et à la commercialisation de l'art, et visait à réaffirmer la valeur intrinsèque des matériaux et la capacité de l'art à transcender les frontières entre la vie et l'art.
Dans les années 1960 et 1970, le mouvement Fluxus et les artistes du Nouveau Réalisme, comme Daniel Spoerri ou Arman, ont continué à explorer l'utilisation des déchets dans l'art. Ils attribuaient aux objets jetés un fort potentiel esthétique et conceptuel. S’ils utilisaient souvent dans leurs œuvres des déchets industriels ou des objets du quotidien  c’était aussi pour implicitement critiquer la société de consommation et l'obsolescence programmée.
Il est probable que ma sensibilité aux images déchirées — au point d'y consacrer un libellé dans ce blog —  doit beaucoup au travaux de  Raymond Hains et Jacques Villéglé qui dans les années 1950 et 1960,  ont commencé à utiliser des affiches arrachées ou déchirées par le vent la pluie ou les passants comme matériau pour leurs œuvres. En récupérant ces fragments d'affiches, en les arrachant de leur contexte publicitaire pour les exposer dans des galeries Hains et Villeglé ont transformé des déchets urbains en œuvres d'art. Par là même, ils ont questionné la fonction et la valeur des images dans la société de consommation.
En outre, utilisant des affiches politiques ou publicitaires, lacérant puis réassemblant ces images, ces artistes ont créé de nouvelles significations et ont encouragé les spectateurs à remettre en question les messages véhiculés par les médias, mais aussi à trouver de la beauté dans ce qui ne suscite ordinairement que l'indifférence des passants.

jeudi 7 mars 2024

Bilan climatique

 
Voilà
d'après l'observatoire européen Copernicus, qui collecte et restitue des données de qualité portant sur l'état de la Terre, en les actualisant de manière continue, le mois de février 2024 a été le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial. L'observatoire alerte aussi sur des températures jamais mesurées à la surface des océans en février 2024, dépassant celles enregistrées en plein été, en août 2023. Février 2024 représente aussi le neuvième record mensuel d’affilée battu, insiste Copernicus. L’hiver météorologique dans l’hémisphère Nord (décembre à février) est en outre le plus chaud dans le monde, succédant aux trois mois d’automne et d’été les plus chauds.
Sinon à Paris la Seine a tendance à déborder ces derniers temps et les quais sont devenus impraticables. De telles crues n'ont cependant rien d'exceptionnel à pareille époque de l'année. Par contre le forsythia du balcon fleurit déjà, (les bourgeons ont commencé à éclore dimanche 2 mars, laissant apparaître le jaune des fleurs, et c’est la première fois que c’est si précoce). Il en va de même pour le thym et le romarin, quant aux feuilles de mon figuier, elles ne vont pas tarder non plus à s'épanouir.

mercredi 6 mars 2024

Dans l'attente

 
Voilà
continuer quand même, malgré tout, pour un temps encore
celui de l'attente inquiète et de l'incertitude
à produire des formes 
susciter des images 
 histoire de ne pas 
 tout à fait
sombrer

jeudi 29 février 2024

Le temps qui passe et le temps qui reste

 
Voilà,
depuis longtemps, j'aime accoster à cet endroit, où tout ce qui s'y expose demeure une source d'étonnement. J'y assiste aux noces toujours recommencées de la magie et de la poésie. Derrière cette vitrine et dans ses reflets, ressurgit le temps d’avant niché dans le temps présent. Et parfois je crois reconnaître à sa surface l'image inversée du jeune homme curieux, inquiet, aux aguets qui, voilà maintenant bien longtemps, promenait sa silhouette dans les parages. Souvent mes pérégrinations dans le quartier me ramenaient à cette fenêtre ouvrant, me semblait-il, par des voies invisibles et secrètes sur un monde parallèle et propice à toutes les rêveries. Et il en est encore ainsi aujourd'hui.
Des sensations anciennes, des souvenirs de lectures, des rêves dont l'empreinte demeure encore vivace, des visions fugitives qui continuent de me hanter ( je ne sais toujours pas si elles relèvent de mon imagination ou si elles sont réellement advenues), émergent puis s'abolissent aussitôt comme autant d'énigmes dont j'espère, qu'un jour peut-être, une fin paisible pourra m'offrir la résolution. Quoi qu'il en soit, ici dans les reflets de la rue mêlés au fatras savamment organisé des choses anciennes, le temps qui passe et le temps qui reste se fondent dans la douceur d'un mystère toujours recommencé.

mardi 27 février 2024

L'art n'a rien fait

 
Voilà,
"et l'art n'a rien fait sinon nous montrer le trouble dans lequel nous sommes la plupart du temps. Il nous a inquiétés, au lieu de nous rendre silencieux et calmes. Il a prouvé que nous vivons chacun sur son île ;  seulement les îles ne sont pas assez distantes pour qu'on y vive solitaire et tranquille. L'un peut déranger l'autre, ou l'effrayer, ou le pourchasser avec un javelot – seulement personne ne peut aider personne". (R.M. Rilke "Notes sur la mélodie des choses")

dimanche 25 février 2024

Pays nantais

Voilà,
il y a deux ans jour pour jour, je suis allé à Trentemoult un ancien village de pêcheurs aux maisons colorées situé, juste en face de Nantes sur la rive gauche de l'estuaire de la Loire. On y accède après cinq minutes de traversée à bord de ce qu'on appelle là-bas le Navibus. En quittant la Gare Maritime de Nantes on ne peut ignorer cette longue fresque peinte sur un mur de la rive droite. J'ignore si elle existe encore.
 
 




Bientôt sur l'autre rive apparaît une ligne de bâtisses bigarrées. L’une des façades arbore une peinture publicitaire « Petit Beurre Lu » d’une autre époque. Juste à côté, la crêperie "La Reine Blanche" . Les pêcheurs peuplant jadis ce petit village à l’allure étonnante, avec ses allées sans voiture et des terrasses le long de la Loire, enduisaient leurs maisons avec les restes de peinture destinée aux coques des bateaux. La tradition a perduré et sied parfaitement à l’ambiance bohème qui flotte désormais ici, loin de l’agitation urbaine.
 
 
 
Il y avait quelque chose d'incongru à profiter des timides rayons du soleil, et à déambuler dans ces ruelles si paisibles en songeant à l'agression sauvage de l'armée russe en Ukraine, et à l'invasion qui venait de commencer la veille.
 

Plus tard, revenu à Nantes et déambulant au hasard des rues, j'ai aperçu ce magnifique trompe-l'œil, voisin de cet autre que j'ai déjà montré dans ces pages
 

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